dimanche 25 août 2013

L'eau qui commence à frémir dans une complainte sourde indique que c'est bientôt l'heure du thé.
Il se pourrait bien que nous soyons au mois de mars, à la veille de la Toussaint, que la nuit soit sur le point de tomber ou encore que le jour se lève.
Luz se décide à faire une soupe. Mais il lui manque les poireaux ; « pas la saison » lui répond le maraîcher.
Luz allume la télévision : même Michel Drucker n'est pas au rendez-vous. Luz serait-elle en retard ou - pire encore - en avance ? Des dimanches comme celui-ci, elle en a connu tant d'autres.
Des dimanches à cinéma.
Elle se rend place de Clichy, au Cinéma des Cinéastes.
Instantanément le rond-point de la place est envahi de klaxons, foule immobile encastrée dans les automobiles. La pluie est venue, implacable, sonner la fin des vacances, comme pour ne rien regretter. Luz cherche un visage familier parmi les ex-aoûtiens, dont celui de Michel D. Il a dû prendre un autre itinéraire pour rentrer.
Au Cinéma des Cinéastes le temps est long avant la prochaine projection.
Elle s'attable au petit café attenant.
Il n'y a pas de soupe de poireaux au menu, et le temps de la bière-pression est à présent révolu.
« Un porto alors, tinto » commande-t-elle.
« Je vous préviens, il est à température » répond le barman.
C'est comme ça que Luz l'épousa sur-le-champ, sous le regard médusé des ouvreuses qui jusque là s'ennuyaient fort.
Récompense méritée pour notre chère Luz, elle qui avait veillé sur la ville endormie, et chaude, en votre absence.