dimanche 21 juillet 2013

Recette d'été
- avec fenêtre sur cour

Bien choisir un linge, délicat ;
sous un mince filet d'eau glacée
laisser couler
puis
du bout des doigts
presser quelques bulles de savon

méditer

laisser goutter

vendredi 19 juillet 2013

Porte des Lilas, 20h15.
L'autobus à trois chiffres décélère 
au fur et à mesure qu'il 
approche de la frontière, 
se fondant dans la masse des 
automobiles les pots d'échappement 
trépignant d'impatience

Tandis qu'au même moment
les rues se vident, l'inévitable 
hors-saison parisienne s'ouvre : 
les vitrines des magasins annoncent déjà 
la fin du monde, affichant en toutes lettres 
bien visibles 
"soldes, derniers jours".
Bientôt il n'y aura plus rien à revendre. 
Pas une âme, 
pas un souffle d'air  
- et Paris capitale du silence, 
des exilés immobiles, 
torpeur des faubourgs, 
le temps suspendu à un réverbère - une étoile ?



dimanche 14 juillet 2013

C'est l'histoire de cet homme qui, marchant dans la rue, se rend dans une librairie, fonce tout droit vers le rayon des livres d'occasion, cherche un ouvrage au hasard et commence sa lecture. Selon que le temps presse, que l'heure de fermeture du magasin approche, il referme son livre, le repose au même endroit, et retourne à son quotidien (travail, histoires d'amour, courses, cinéma, ennui,...).
Demain, il croisera probablement une autre librairie, filera tout de go vers les seconde-main, et cherchera nerveusement le même ouvrage ; déçu, il retournera ses talons, retrouvant une vie pleine d'ennui.
Et-ainsi-de-suite.
Jusqu'à ce jour où l'occasion lui sera donnée de croiser une nouvelle librairie, dans un tout autre quartier. Avec un peu de chance - ou un peu de persévérance, ça, l'histoire de ne le précise pas - il finira par retomber le nez dedans, poursuivra enfin sa lecture (page 18, là-même où il s'était arrêté il y a quelques temps). Un jour, chemin faisant, il achèvera la lecture d'un livre de seconde-main.
Cet homme est un obsédé.
Je l'ai croisé, un jour,
et depuis
je le suis à travers les rues de la ville.

mardi 9 juillet 2013

La rose à la criée.
- un voile est passé sur ses yeux.
Le sol comme un astre jonché de fleurs décapitées.
Un peu plus tôt, là,
dans l'intimité du parvis désert,
des hommes venus de loin se sont battus avec
les invendus du jour.
De leurs poches retournées, la recette du jour continue encore à creuser des rêves ruisselants d'impossibilité.